L'affiche rouge
J'ai pu constater depuis quelques jours la floraison, sur les panneaux d'affichage public de ma ville, d'une nouvelle affiche du PCF. D'une dominante rouge qui tranche avec le vert des affiches de la Fête de l'Huma qui couvrent en ce moment tous les panneaux de Gennevilliers, elle figure de manière un peu stylisée le portrait de Guy Môquet ci-contre. Celui-ci couvre la majeure partie de l'affiche, est légendé discrètement "Guy Môquet, résistant communiste fusillé à Chateaubriant", et surmonte un bandeau dans lequel est inscrit : "Aujourd'hui, demain, combattre ensemble", ou quelque chose d'approchant. Le logo du PCF dans un coin de l'affiche complète le tableau.
Tout d'abord je n'ai pu m'empêcher de sourire. En effet, depuis que Sarkozy a popularisé le jeune homme en lui réservant son premier hommage de Président de la République, les passions se déchaînent, et notamment au PCF qui refuse de se faire voler "son" héritage. Pourtant, au-delà des manoeuvres politiciennes auxquelles Sarkozy nous a habitués, je trouvais plutôt positif que cette page de l'Histoire de France sorte de l'ornière communiste. A titre personnel j'ai été assez tôt sensibilisé à la personnalité de Guy Môquet et à la mémoire des fusillés de Chateaubriant, banlieue rouge oblige. Ainsi, dans la rubrique "martyrs de Chateaubriant" on trouve à Gennevilliers un collège Guy Môquet, une rue Jean-Pierre Timbaut (syndicaliste et employé municipal à la mairie de Gennevilliers, créateur à ce titre de la toute première colonie de vacances), une rue Jean Grandel ( premier maire de Gennevilliers), etc.
Mais, comme le proclame un célèbre titre de film, tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents communistes, ou du moins de grandir dans une ville communiste, et cette mémoire était jusqu'ici ignorée du plus grand nombre. Le PCF lui-même mettait en sourdine la martyrologie qui l'avait habité, particulièrement au sortir de la guerre. Mais voilà que Guy Môquet revient sur la scène médiatique, et donc redevient un enjeu de lutte. Mouais...
J'aurais tendance à penser que c'est au contraire tomber complètement dans l'habile jeu de Nicolas Sarkozy que de vouloir se réapproprier Guy Môquet de la sorte. C'est s'incarner comme les forces obscures de la fermeture quand lui se veut le chantre de l'ouverture. C'est prêter le flanc à l'accusation droitière très à la mode de "sectarisme". Plus encore, c'est un aveu de faiblesse incroyable, c'est légitimer d'une certaine façon l'omniprésence de Sarkozy, puisque c'est ne se définir que par rapport à lui, même si c'est en creux. En somme Sarkozy est partout, jusque dans les affiches du PCF.
Certes il est très important d'honorer cette mémoire, fut-elle partisane, car de par sa nature partisane elle est trop souvent ignorée. Ca fait partie d'un certain folklore, même si ça ne parle souvent qu'aux militants. D'autres exemples de mémoires similaires, occultées souvent par les pouvoirs en place et honorées par certains groupes particuliers, me viennent : octobre 1961, la Commune de Paris, etc. Important de ne pas oublier donc, mais si la seule visibilité du Parti Communiste c'est l'invocation des morts, alors il n'y a plus de doute, le parti a déjà un pied dans la tombe.
Tout d'abord je n'ai pu m'empêcher de sourire. En effet, depuis que Sarkozy a popularisé le jeune homme en lui réservant son premier hommage de Président de la République, les passions se déchaînent, et notamment au PCF qui refuse de se faire voler "son" héritage. Pourtant, au-delà des manoeuvres politiciennes auxquelles Sarkozy nous a habitués, je trouvais plutôt positif que cette page de l'Histoire de France sorte de l'ornière communiste. A titre personnel j'ai été assez tôt sensibilisé à la personnalité de Guy Môquet et à la mémoire des fusillés de Chateaubriant, banlieue rouge oblige. Ainsi, dans la rubrique "martyrs de Chateaubriant" on trouve à Gennevilliers un collège Guy Môquet, une rue Jean-Pierre Timbaut (syndicaliste et employé municipal à la mairie de Gennevilliers, créateur à ce titre de la toute première colonie de vacances), une rue Jean Grandel ( premier maire de Gennevilliers), etc.
Mais, comme le proclame un célèbre titre de film, tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents communistes, ou du moins de grandir dans une ville communiste, et cette mémoire était jusqu'ici ignorée du plus grand nombre. Le PCF lui-même mettait en sourdine la martyrologie qui l'avait habité, particulièrement au sortir de la guerre. Mais voilà que Guy Môquet revient sur la scène médiatique, et donc redevient un enjeu de lutte. Mouais...
J'aurais tendance à penser que c'est au contraire tomber complètement dans l'habile jeu de Nicolas Sarkozy que de vouloir se réapproprier Guy Môquet de la sorte. C'est s'incarner comme les forces obscures de la fermeture quand lui se veut le chantre de l'ouverture. C'est prêter le flanc à l'accusation droitière très à la mode de "sectarisme". Plus encore, c'est un aveu de faiblesse incroyable, c'est légitimer d'une certaine façon l'omniprésence de Sarkozy, puisque c'est ne se définir que par rapport à lui, même si c'est en creux. En somme Sarkozy est partout, jusque dans les affiches du PCF.
Certes il est très important d'honorer cette mémoire, fut-elle partisane, car de par sa nature partisane elle est trop souvent ignorée. Ca fait partie d'un certain folklore, même si ça ne parle souvent qu'aux militants. D'autres exemples de mémoires similaires, occultées souvent par les pouvoirs en place et honorées par certains groupes particuliers, me viennent : octobre 1961, la Commune de Paris, etc. Important de ne pas oublier donc, mais si la seule visibilité du Parti Communiste c'est l'invocation des morts, alors il n'y a plus de doute, le parti a déjà un pied dans la tombe.