Daniel Bouton : rien dans les mains, tout dans les poches.

Publié le par Louis

Bouton.jpgLe PDG de la Société Générale, Daniel Bouton, a vraiment la main sur le coeur. Pour se faire pardonner d'avoir laissé un trader, le désormais célèbre Jérôme Kerviel, déjouer tous les systèmes de contrôle internes de sa banque, prendre des positions risquées sur les marchés du monde entier et finalement fait perdre près de 5 milliards d'euros à la SoGé, M. Bouton a d'abord proposé sa démission. Mais face au refus de son conseil d'administration de se séparer d'un si bon élément, auteur il est vrai d'un rapport «Pour un meilleur gouvernement des entreprises cotées », le magnanime Bouton a décidé de renoncer à six mois de son salaire. Et puisqu'il n'est pas la moitié d'un saint, c'est stock-options comprises ! Le tout représente la bagatelle de plus d'un million et demi d'euros.

Car M. Bouton touche, selon le dernier rapport d'activités de la Société Générale, 3,3 millions d'euros, dont 1,25 million de salaire fixe et 2,05 millions de salaire variable (bonus, stock-options, etc.). A ces gracieux émoluments il faut ajouter les plus values qu'il réalise sur la revente de ses stock-options, qui ont fait, en 2006, grimper son revenu à 10,8 millions d'euros ! 10,8 millions d'euros , c'est à dire 703 années de SMIC : autant dire que Bouton a de quoi voir venir l'hiver.

Quand on voit avec quelle vigueur se pose aujourd'hui la question du pouvoir d'achat en France, avec un moral des ménages au plus bas depuis 2003, on ne peut que s'interroger sur la moralité de salaires aussi élevés que celui de M. Bouton. A fortiori quand les compétences supposées des heureux nababs sont aussi violemment remises en causes que dans le cas Bouton. «Le monde récompense plus souvent l'apparence du mérite que le mérite lui-même.
» nous dit La Rochefoucauld. De Jean-Marie Messier à, probablement, Daniel Bouton, qu'elle est longue la litanie des patrons largués en plein vol avec leurs parachutes dorés.

A défaut de compétence, c'est au risque qu'on lie généralement ces opulentes rétributions. Métier risqué que celui de grand patron quand le Président de la République parle de dépénalisation du droit des affaires. Métier risqué que celui de Daniel Bouton, qui préfère accabler Jérôme Kerviel plutôt que d'assumer la responsabilité de la faillite des systèmes de contrôle de sa banque.

Rappelons que les grands patrons français sont les mieux payés d'Europe, en gagnant en moyenne 6 millions d'euros par an. A l'heure où le plus grand nombre est prié de se serrer la ceinture (salaires gelés, médecine franchisée, probable hausse de la TVA) ou de cravacher plus (défiscalisation des heures supplémentaires, réforme à venir des retraites), le scandale de ces rémunérations n'est que d'autant plus criant. Alors, puisque la « rupture » est à la mode, que notre omniprésident veut « porter le changement » et « moraliser le capitalisme », que les caisses de l'Etat sont vides quand les poches des grands patrons sont pleines, exigeons la mise en place d'un salaire maximum !

Publié dans Actualité - Politique

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L
Et l'insupportable Philippe Val !
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A
C'est vrai que ça colle bien avec le style de Charlie. Quel dommage qu'ils se déconsidèrent avec l'autre connasse de Ayaan Hirsi Ali...
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L
Et tu connais le second degré, la satire et l'humour en règle générale ? L'édito était écrit pour Charlie Hebdo, si ça peut t'éclairer un peu.
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D
C'est super intéressant comme mesure, je suis certain que ca va règler les problèmes sociaux-économiques. C'est plus populiste qu'autre chose mais bon...ca doit être dans l'air du temps
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L
Edito à écrire sur le thème "Daniel Bouton est il trop payé ?". On avait le choix du média, je vous laisse deviner lequel c'est...
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